Le Maître et Marguerite - Mikhaïl Boulgakov
- Félix Gauffre
- 28 avr. 2015
- 2 min de lecture

© Andrei Nabokov 2007 Source graphic.org.ru
Il y a toutes sortes de livres procurant chacun un plaisir particulier. Certains nous divertissent, nous font voyager, nous content des histoires, nous font rire, nous font rêver. D'autres nous confrontent à nos plus grandes peurs, nous amènent à réfléchir sur l'existence de Dieu, sur notre existence. Mikhail Boulgakov avec ce quatrième et dernier roman nous offre tous ces plaisirs à la fois.
" Dans deux heures, le citoyen Biezdomny sera de retour ici. Enfin, ajouta-t-il en se retournant vers le poète, je ne vous souhaite pas de réussir dans vos démarches, car je ne crois pas à un iota de cette réussite. A toute à l'heure !
Il se leva, et aussitôt, sa suite s'agita.
_ Et pour quel motif serai-je de retour ici ? demande Ivan, inquiet.
_ Pour le motif suivant : dès l'instant où vous entrerez en caleçon dans un poste de milice et où vous leur direz que vous avez vu un homme qui connaît personnellement Ponce Pilate, ils vous ramèneront ici sans traîner, et vous vous retrouverez dans cette même chambre. "

Publié en 1967 à titre postume, 27 ans après la mort de son auteur, l'histoire prend place dans le Moscou des années 1930. Deux écrivains discutent sur un banc de l'existence de Jésus. A-t-il réellement existé? Soudain un troisème personnage intervient, un étranger, professeur d'après ses papiers, intrigué par la possible négation de l'existence de Jésus. La conversation prend une tournure étrange lorsque ce dernier déclare qu'il a bien connu Jésus mais également qu'il connait l'avenir de ces deux hommes. Peu après, l'un des écrivains meurt écrasé par un tramway et l'autre devient fou, comme l'étranger l'avait prédit. Ce dernier, on le comprend très rapidement, est le Diable et il se fait appeler Woland.
On peut dire sans trop se risquer que ce livre est un chef d'oeuvre de la littérature russe et du XXème siècle. Une oeuvre fantatisque allant jusqu'aux recoins les plus délirants, les plus absurdes de l'imaginaire, mais également une critique sociale et politique. Boulgakov s'inspire évidemment du Faust de Goethe pour le pacte avec Méphistophélès, la romance sombre avec Margarete ou la sorcière au service du diable et autres êtres imaginaires. Le roman se déroule autour de Woland sur trois plans : le premier c'est celui de ces actions folles et absurdes orchestrées par le diable dans Moscou, le deuxième se déroule au temps de Ponce Pilate et du fameux procès où un certain Barrabas fut libéré et ne connut pas le crucifiement, le troisième plan enfin nous raconte une des plus émouvantes histoires d'amour jamais écrites, celle entre le maître et marguerite.
D'un bout à l'autre, on dévore ce livre riche en évènements de toutes sortes. Le diable et ses acolytes - dont l'extraordinaire chat Béhémoth qui est illustré sur la couverture ci-dessus - jouant de nombreux tours aux moscovites vont faire travailler votre imaginaire ainsi que vos zygomatiques. La fantastique et sombre histoire d'amour entre le maître et marguerite ne peut que vous toucher. Enfin, la façon dont Boulgakov revoit la condamnation de Jésus et la cruxifiction est tout simplement boulversante.
Je remercie encore la personne qui m'a fait découvrir ce livre et ne peux à mon tour que vous le conseiller.
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